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journal._tome_3_1930-1939

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journal._tome_3_1930-1939 [2016/01/24 13:25] francescojournal._tome_3_1930-1939 [2016/08/02 12:32] (current) francesco
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-**1930**, pp. [9]-105.+==== 1930 ==== 
 +pp. [9]-105.
  
-**1931**, pp. [109]-403.+Versailles — Camp du Drap d'Or\\ 
 +Mercredi 1er janvier 1930 — 9 h 25 matin
  
 +L'année commence avec la messe et la lecture du livre de [[Roberto Longhi]] sur [[Piero della Francesca]]. Une occasion parfaite pour décrire deux ouvrages: le //Bâpteme du Christ// de la National Gallery de Londres et le //Polyptyque de la miséricorde// de Borgo san Sepolcro.
 +----
 +Camp du Drap d'Or\\
 +(Dimanche dans l'Octave du Très Saint-Sacrement)\\
 +Dimanche 22 juin 1930 — 8 h 15 soir
  
 +Je crois qu'ici se trouve la seule citation de Du Bos des [[enarrationes_in_psalmos|Commentaires sur les Psaumes]] d'[[agostino|Augustin]].
 +
 +Exposition Corot
 +Lundi 23 juin 1930 — 10 h 5 matin
 +
 +Belle //ekphrasis// d'un //Portrait d jeune fille// de 1831 à propos duquel il cite //À quoi rêvent les jeunes filles?//, poésie d' [[Alfred du Musset]] de la même année.
 +----
 +Versailles\\
 +Mardi 8 juillet 1930 — 8 h 25 soir
 +
 +Il cite [[agostino|Augustin]], et en particulier les [[confessiones|Confessions]], les Soliloques et une [[epistulae_i-xxx|lettre]], la n° 3.
 +
 +==== 1931 ====
 +pp. [109]-403.
 +
 +Versailles\\
 +Jeudi 19 février 1931 – 10 h 5 matin
 +
 +Seigneur, rendez-moi à moi-même: //je me suis devenu
 +extérieur//.
 +
 +[...]
 +----
 +Lundi 11 mai 1931\\
 +
 +EXPOSITION TOULOUSE-LAUTREC
 +
 +125. – //Au salon de la rue des Moulins//
 +
 +141. – //Tristan Bernard au vélodrome Buffalo//
 +
 +153. – //Portrait de Maxime Dethomas au bal de l'Opéra//
 +
 +54. – //Portraits de M. Samary, de la Comédie-Française//
 +
 +165. – //Portrait de Paul Leclerq//
 +
 +86. – //La femme au boa noir//
 +
 +72. – //Au Moulin-Rouge//
 +
 +162. – //La femme rousse nue accroupie//. Déja la
 +délicatesse, les dégradés, le côté (et jusque dans le corps
 +de la femme) bibelot coloré d'où naîtra Vuillard.
 +
 +151. – //Portrait de M. Cipa Godebski//
 +
 +101. – //Portraits de Louis Pascal//
 +
 +60. – //Au Moulin-Rouge//
 +
 +74. – //Portrait de Georges-Henri Manuel (1891)//
 +
 +166. – //L'Anglaise du «Star» du Havre//
 +
 +65. – //En meublé ou La Lettre//
 +
 +155. – //Danseuse//
 +
 +114. – //Le Sofa//
 +
 +129. – //L'Abandon ou les Deux Amies//
 +
 +OBSERVATIONS GÉNÉRALES
 +
 +185. – //Portrait de Maurice Joyant//
 +
 +144. – //Miss May Belfort//
 +
 +80. – //Au lit: le baiser//. Étrange innocence dans un
 +registre qui pourtant est aussi loin que possible du
 +registre Renoir, du registre édenique: le monde de Lautrec
 +et un monde en dehors du péché, qui l'ignore, mais non point
 +comme celui de Renoir antérieur à lui: c'est le monde où
 +l'enfer social a détruit la notion de péché rien que par la
 +dureté de la vie: il y a là un point que je désire creuser
 +et qui n'est pas tout à fait mûr [ma purtroppo questa è
 +l'ultima volta che CDB cita Lautrec nel suo //Journal//].
 +
 +81. – //Dans le lit//
 +
 +111. – //Femme de maison//
 +
 +135. – //May Belfort//. Oui certes, May Belfort est le grand
 +modèle de Lautrec, puisque c'est lui qui ici l'amène tout
 +près de [[Watteau]] quant au mode d'apparition du visage. Il
 +y a dans cette tête interprétée par Lautrec tant
 +d'aristocratie qu'elle revêt comme le caractère d'un
 +personnage de cour – dans une cour où les personnages
 +seraient dignes de leur emploi.
 +----
 +The American Hospital\\
 +63, boulevard Victor-Hugo Neuilly\\
 +Mardi 21 juillet 1931 — 2 h 30 après-midi
 +
 +Première citation, double citation même, de [[Sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus]] du //Journal//.
 +----
 Versailles\\ Versailles\\
 Dimanche 16 août 1931 — 9 h moins 20 soir Dimanche 16 août 1931 — 9 h moins 20 soir
  
-À ces épigraphes je pensais depuis bien longtemps déjà et dans mes Journaux depuis près de huit ans nombreuses étaient celles que j'avais indiquées (le dernier paragraphes du Journal du 2 janvier 1928 en comportait tout un choix); dans la journée du dimanche 26 juillet, qui, après réception de la lettre de Ramon Fernandez, fut une journée Montaigne, j'avais presque décidé que la première épigraphe serait: «Chaque homme porte la forme entière de l'humaine condition.» Mais, depuis le 2 janvier 1928 j'avais élu de façon définitive la parole du psaume: «//Cogitavi vias meas//» [118,59], et, ayant omis de prendre la référence exacte, j'eus à la rechercher à travers tout le psautier: je trouvais d'abord le «//Cogitavi dies antiquos//» [76,6], l'adoptai aussitôt mais tout en me disant en même temps que peut-être ma mémoire m'avait trompé — elle ne m'avait pas trompé et par la suite je retrouvai l'autre texteEn présence de ces deux trésors, dont la sublimité et la profondeur correspondent, en le survolant de si haut, à l'objet exact que tout entière mon autobiographie se propose — et dont il ne reste plus maintenant à l'ouvrage qu'à ne pas se montrer par trop indigne —, la pensée de toute autre citation quelle qu'elle soit s'évanouit sur l'heure: avec une joie émue et recueillie, et aussi avec un tremblement quasi sacré, je les transcrivis dans la version de la Vulgate et dans la traduction de Mme d'EyraguesMais ce qui ne me remuait pas moins que la redécouverte des deux versets, c'étaient tous les sentiments que m'avait valus la recherche elle-même, c'était d'avoir réentendu au passage les saints accents des psaumes. Les accents de l'âme même: s'adressant à Dieu et mue par Lui, elle parle là, comme nulle part ailleurs. Tous les sentiments de l'homme — et chacun d'eux en sa pureté, en sa nudité dernière — y épanchent leur plus intime musique. Il semble qu'au contact de la sublimité de Dieu, la profondeur de l'âme se creuse une dimension de plus — celle que lui donne l'humilité, qui ici «ouvre» non seulement le «cœur» selon l'expression de Rivière, non plus seulement «l'esprit» selon celle que j'ajoutais à la sienne, mais bien l'âme même «comme on ouvre un fruit».+[...]
  
-**1932**, pp. [407]-473.+À ces épigraphes je pensais depuis bien longtemps déjà et dans mes Journaux depuis près de huit ans nombreuses étaient celles que j'avais indiquées (le dernier paragraphes du Journal du 2 janvier 1928 en comportait tout un choix); dans la journée du dimanche 26 juilletqui, après réception de la lettre de Ramon Fernandez, fut une journée Montaigne, j'avais presque décidé que la première épigraphe serait: «Chaque homme porte la forme entière de l'humaine condition.» Mais, depuis le 2 janvier 1928 j'avais élu de façon définitive la parole du psaume: «//Cogitavi vias meas//» [118,59], et, ayant omis de prendre la référence exacte, j'eus à la rechercher à travers tout le psautier: je trouvais d'abord le «//Cogitavi dies antiquos//» [76,6], l'adoptai aussitôt mais tout en me disant en même temps que peut-être ma mémoire m'avait trompé — elle ne m'avait pas trompé et par la suite je retrouvai l'autre texte. En présence de ces deux trésors, dont la sublimité et la profondeur correspondent, en le survolant de si haut, à l'objet exact que tout entière mon autobiographie se propose — et dont il ne reste plus maintenant à l'ouvrage qu'à ne pas se montrer par trop indigne —, la pensée de toute autre citation quelle qu'elle soit s'évanouit sur l'heure: avec une joie émue et recueillie, et aussi avec un tremblement quasi sacré, je les transcrivis dans la version de la Vulgate et dans la traduction de Mme d'Eyragues. Mais ce qui ne me remuait pas moins que la redécouverte des deux versets, c'étaient tous les sentiments que m'avait valus la recherche elle-même, c'était d'avoir réentendu au passage les saints accents des psaumes. Les accents de l'âme même: s'adressant à Dieu et mue par Lui, elle parle là, comme nulle part ailleurs. Tous les sentiments de l'homme — et chacun d'eux en sa pureté, en sa nudité dernière — y épanchent leur plus intime musique. Il semble qu'au contact de la sublimité de Dieu, la profondeur de l'âme se creuse une dimension de plus — celle que lui donne l'humilité, qui ici «ouvre» non seulement le «cœur» selon l'expression de Rivière, non plus seulement «l'esprit» selon celle que j'ajoutais à la sienne, mais bien l'âme même «comme on ouvre un fruit». Et alors cette dimension de plus fait encore mieux ressortir 
 +par contraste – non point certes en elle-même, mais par 
 +rapport aux traductions humaines possibles ou même 
 +concevables – l'altitude et la sublimité de Dieu. Profondeur 
 +et sublimité, tels sont bien les deux attributs fondamentaux 
 +et corrélatifs des psaumes; – et c'est pourquoi, parmi tous 
 +les problèmes qui se posent autour de l'incroyance, il n'en 
 +est guère qui me surprennent autant que le fait que les 
 +incroyants puissent rester insensibles ou indifférents à de 
 +tels accents, que leurs barrières et leurs défenses ne 
 +tombent pas, ou du moins ne cèdent pas là-devant. Et même 
 +sur le plan profane, en se plaçant, dans la mesure, faible, 
 +je le reconnais, où l'on parvient à s'y placer, à 
 +l'intérieur du cercle tracé par l'incroyance elle-même, sur 
 +un plan rien qu'humain, au triple point de vue de la 
 +sublimité, de la profondeur et du chant exalté, les psaumes 
 +m'apparaissent un sommet qu'aucune autre œuvre, qu'aucun 
 +autre poème n'approchent. 
 + 
 +[...] 
 + 
 +---- 
 +Versailles\\ 
 +Vendredi 21 août 1931 – 10 h 20 matin 
 + 
 +[...] 
 + 
 +Arrivé ce matin à Notre-Dame à 7 h 15 au moment de l'épître. 
 +Fête de sainte Chantal. À l'Introït, le verset 75 du psaume 
 +119 (Vulgate, 118): «Je sais, Yahwah, que tes jugements sont 
 +équitables, c'est à bon droit que tu m'affliges.» (Je cite 
 +la traduction d'après l'hébreu de Mme M. B. D'Eyragues, mais 
 +la version de la Vulgate ici n'est pas moins frappante et 
 +belle): «//Cognovi, Domine, quia aequitas judicia tua, et in 
 +veritate tua humiliasti me//»: le «//in veritate//» est 
 +admirable: c'est la //vérité// qui a en Dieu son siège, qui 
 +est Dieu même, qui conditionne la //justice// divine, d'où 
 +elle découle: on pourrait dire que ce que j'ai appelé dans 
 +mon introduction pour //Mon cœur mis à nu// «le pôle de la 
 +justice» figure la //nécessité// même, «le pôle de la 
 +miséricorde» figurant au contraire la pure //gratuité//: 
 +c'est l'oubli ou plutôt la méconnaissance radicale du fait 
 +que la vérité (déja sans majuscule, mais combien plus alors 
 +que pourvue de la majuscule divine) entraîne pour corollaire 
 +la justice absolue, en même temps qu'elle l'exige sur le 
 +plan moral, et pour la satisfaction métaphysique de 
 +l'instinct moral lui-même si profondément logé dans l'homme, 
 +fût-il incroyant, – c'est cet oubli et cette méconnaissance 
 +qui sont à l'origine du malendendu entre croyants et 
 +incroyants que j'ai signalé dans mon introduction pour //Mon 
 +cœur mis à nu// et dans maints Journaux; le refus de prendre 
 +en considération, quand il s'agit de Dieu, «le pôle de la 
 +justice», l'insistance à ne mettre en avant et même la 
 +volonté à ne vouloir admettre que «le pôle de la 
 +miséricorde», par-delà l'immense commodité que semblable 
 +attitude apporte à tant de nos contemporains, traduitune 
 +dédicience fondamentale dans l'ordre de la métaphysique 
 +elle-même. Ce matin, plus que jamais j'adhérais au verset, 
 +et par l'étroitesse de mon adhésion je pouvais mesurer que 
 +se brûlaient, se consumaient peu à peu en moi les derniers 
 +reliquats de ce sentiment si humain de l'injustice subie 
 +dont j'étais d'autant plus loin d'être libre que mon amour 
 +de la justice sur un plan rien qu'humain me rendait ici 
 +cette libération particulièrement malaisée (dictant ceci, je 
 +pense surtout à mes réactions et à mes souffrances de 1928 
 +et de 1929 concernant //Le Dialogue avec André Gide//): 
 +aujourd'hui je tends graduellement à éprouver toute 
 +injustice humaine comme un mode de manifestation indirecte 
 +de la justice divine. 
 + 
 +[...] 
 + 
 +---- 
 + 
 +Encore une //ekphrasis//: 
 + 
 +Journal écrit à la main recopié, cahier Mauriac\\ 
 +Orangerie Exposition Degas (Portraits)\\ 
 +Mardi 13 octobre 1931  – 2 h moins 15 après-midi 
 + 
 +(40) Portrait de Degas et du peintre de Valernes, peint vers 
 +1868: Degas a 34 ans. C'est de ce portrait-là qu'il faudrait 
 +partir, si la vie me laisse un jour le temps de faire ma 
 +nouvelle et grande étude. 
 + 
 +==== 1932 ==== 
 +pp. [407]-473.
  
 Chartres — pavillon du jardin des Cordeliers\\ Chartres — pavillon du jardin des Cordeliers\\
Line 41: Line 231:
 Samedi 27 août 1932 — 10 h 5 soir Samedi 27 août 1932 — 10 h 5 soir
  
-**1933**, pp. [477]-645.+==== 1933 ==== 
 +pp. [477]-645
 + 
 +Île Saint-Louis\\ 
 +Lundi de Pâques 17 avril 1933 – 9 h moins 20 matin 
 + 
 +Seigneur, oui, je le sais, chaque année ce n'est jamais qu'à 
 +la Pentecôte, et pour quelques semaines, que Vous levez e 
 +fardeau du mal physique qui tout au long de l'année pèse sur 
 +moi, – et je sais aussi que chaque année Vous permettez que 
 +le jour même de Pâques mon corps vive le contraire de la 
 +Résurrection de Votre Fils. 
 + 
 +[...] 
 + 
 +Île Saint-Louis\\ 
 +Vendredi de Pâques 21 avril 1933 – 9 h matin 
 + 
 +[...] 
 + 
 +La prière commencent par: 
 + 
 +Oui, Seigneur, rien n'est impossible à Votre grâce, tout 
 +comme rien n'est impossible a Vous-même. 
 + 
 +devient, la page suivante, un excellet commentaire à Ps 
 +[[118]],24: «//Hæc dies, quam fecit Dominus: exultemus, et 
 +lætemur in ea//. – Voici le jour que le Seigneur a fait; 
 +passons-le dans l'allégresse et dans la joie.» 
 + 
 +---- 
 + 
 +Musée du Louvre\\ 
 +Jeudi 14 septembre 1933 – 11 h 10 matin 
 + 
 +//Ekphrasis//: École de Jean Fouquet (fin XIVe siècle). //Descente de 
 +Croix//.
  
-**1934**, pp. [649]-687.+==== 1934 ==== 
 +pp. [649]-687.
  
-**1935**, pp. [691]-755.+==== 1935 ==== 
 +pp. [691]-755.
  
-**1936**, pp. [759]-785.+==== 1936 ==== 
 +pp. [759]-785.
  
-**1937**, pp. [789]-855.+==== 1937 ==== 
 +pp. [789]-855.
  
-**1938**, pp. [859]-927.+==== 1938 ==== 
 +pp. [859]-927.
  
 Île Saint-Louis\\ Île Saint-Louis\\
Line 59: Line 290:
 Très belle //ekphrasis// à l'occasion de la vente de deux petits tableaux de Guy-Pierre Fauconnet (1882-1920). Charles Du Bos cite Constantin Guys et Marie Laurencin. Très belle //ekphrasis// à l'occasion de la vente de deux petits tableaux de Guy-Pierre Fauconnet (1882-1920). Charles Du Bos cite Constantin Guys et Marie Laurencin.
  
-À bord du //Paris//\+À bord du //Paris//\\
 Dimanche 4 septembre 1938 — 11 h 15 matin Dimanche 4 septembre 1938 — 11 h 15 matin
  
Line 70: Line 301:
 Sur le //Journal//, partant de la rencontre avec le chanoine Mugnier et de la lecture de //Mon journal// de Michelet: «Mon âme de papier».  Sur le //Journal//, partant de la rencontre avec le chanoine Mugnier et de la lecture de //Mon journal// de Michelet: «Mon âme de papier». 
  
-**1939**, pp. [931]-937.+==== 1939 ==== 
 +pp. [931]-937.
journal._tome_3_1930-1939.1453638307.txt.gz · Last modified: 2016/01/24 13:25 by francesco