Ho la vecchia edizione nei [[Classiques Garnier]], curata da Emile Henriot. Pubblicata per la prima volta addirittura nel 1936, è stata poi ristampata fino agli anni '80. Ho comprato l'edizione critica di Barbara Wright presso Didier, arrivata in biblioteca il 2 dicembre 2013. [[FROMENTIN 1966]]\\ **Dominique / Eugène Fromentin ; introd., notes et appendice critique, avec les variantes du manuscrit original par Barbara Wright.** - Paris : M. Didier, 1966. - 2 vol. (LXXIII-514 p.) ; 19 cm. - ([[Société des textes français modernes]]). ---- ==== I ==== «Certainement je n'ai pas à me plaindre — me disait celui dont je rapporterai les confidences dans le récit très-simple et trop peu romanesque qu'on lira tout à l'heure — car, Dieu merci, je ne suis plus rien, à supposer que j'aie jamais été quelque chose, et je souhaite à beaucoup d'ambitieux de finir ainsi. [...] Puis novembre arriva, et je quittai Villeneuve sans avoir autrement pénétré dans l'intimité de l'heureux ménage: c'est ainsi que le docteur et moi nous désignons dorénavant les châtelains des Trembles. ==== II ==== L'absence a des effets singuliers. [...] Et comme s'il n'eût fait que traduire en paroles les mémoires chiffrés que j'avais sous les yeux, il me raconta sans déguisement, mais non sans émotion, l'histoire suivante. ==== III ==== Ce que j'ai à vous dire de moi est fort peu de chose, et cela pourrait tenir en quelques mots: un campagnard qui s'éloigne un moment de son village, un écrivain mécontent de lui qui renonce à la manie d'écrire, et le pignon de sa maison natale figurant au début comme à la fin de son histoire. [...] Et je courus au fond du parc, où je restai caché jusqu'au soir. ==== IV ==== Trois jours après, je quittai les Trembles en compagnie de Mme Ceyssac et d'Augustin. [...] Le professeur monta dans sa chaire et se mit à dicter. C'était une composition de début. Pour la première fois, mon amour-propre avait à lutter contre des ambitions rivales. J'examinai mes nouveaux camarades, et je me sentis parfaitement seul. La classe était sombre; il pleuvait. A travers la fenêtre à petits-carreaux, je voyais des arbres agités par le vent et dont les rameaux trop à l'étroit se frottaient contre les murs noirâtres du préau((Questa frase — trovata in un'antologia della letteratura francese — mi ha fatto amare il romanzo già molti anni prima di averlo letto per intero.)). [...] Le mal était fait, si l'on peut appeler un mal le don cruel d'assister à sa vie comme à un spectacle donné par un autre, et j'entrai dans la vie sans la haïr, quoiqu'elle m'ait fait beaucoup pâtir, avec un ennemi inséparable, bien intime et positivement mortel: c'était moi-même. ==== V ==== Toute une année s'écoula de la sorte. [...] Ce fut comme une révélation définitive qui compléta les révélations des jours précédents, les réunit pour ainsi dire en un faisceau d'évidences, et, je crois, les expliqua toutes. ==== VI ==== Quelques semaines après, M. d'Orsel se rendait à une ville d'eaux, sous prétexte de promenade et de santé, mais en réalité pour des raisons particulières que tout le monde ignorait, et que je ne connus qu'un peu plus tard. Madeleine et Julie l'accompagnaient. [...] [98] Il y faisait presque nuit. Le bois sombre de quelques meubles anciens se distinguait à peine, l'or des marqueteries luisait à peine. [...] [116] «J'habite un quartier qui probablement ne sera pas le vôtre, car vous aurez le droit de choisir. Tous ceux qui comme moi partent de rien pour arriver à quelque chose viennent où je suis, dans la ville des livres, en un coin désert, consacré par quatre o cinq siècles d'héroïsme, de labeurs, de détresses, de sacrifices, d'avortements, de suicides et de gloire. C'est un très-triste et très-beau séjour. J'aurais été libre [117] que je n'en aurais pas choisi un autre. Ne me plaignez donc pas d'y vivre, j'y suis à ma place.» [...] «Madeleine est perdue, et je l'aime!» ==== VII ==== Madeleine était perdue pour moi, et je l'aimais. [...] Ce brusque rappel aux réalités dérisoires du lendemain écrasa ma douleur sous une sensation unique de petitesse, et m'atteignit en plein désespoir comme un coup de férule. ==== VIII ==== «Très-certainement il faut que vous ayez beaucoup souffert, m'écrivait Augustin en réponse à des déclamations fort exaltées que je lui adressais très-peu de jours après le départ de Madeleine et de son mari; mais de quoi? comment? par qui? J'en suis encore à me poser des questions que vous ne voulez jamais résoudre. [...] En avait-il donc si vite épuisé toutes les joies? ==== IX ==== Nous arrivâmes à Paris le soir. [...] Je vivais à Paris comme dans une hôtellerie où je pouvais demeurer longtemps, où je pourrais mourir, mais où je ne serais jamais que de passage. [...] «Je m'ennuie, et je vais au bois.» ==== X ==== «Est-ce qu'il travaille? me demanda Augustin quand Olivier nous eut quittés. [...] «Soit, dit-il. En définitive, cela vous regarde. Je n'ai pas charge d'âmes, et c'est trop d'avoir à gouverner tout seul deux fous comme toi et moi.» ==== XI ==== Ce deux mois de séjour avec Madeleine dans notre maison solitaire, en pleine campagne, au bord de notre mer si belle en pareille saison, ce séjour unique dans mes souvenirs fut un mélange de continuelles délices et de tourments où je me purifiai. [...] Et je regardais alternativement et la campagne, qui disparaissait derrière nous, et l'honnête visage de Madeleine assise en face de moi. ==== XII ==== J'en avais fini avec les jours heureux; cette courte pastorale achevée, je retombai dans de grands soucis. [...] Mais elle se leva à son tour, par un mouvement de femme indignée que je n'oublierai jamais; puis elle fit quelques pas vers sa chambre; et comme je me traînais vers elle, la suivant, cherchant un mot qui ne l'offensât plus, un dernier adieu pour lui dire au moins qu'elle était un ange de prévoyance et de bonté, pour la remercier de m'avoir épargné des folies, — avec une expression plus accablante encore de pitié, d'indulgence et d'autorité, la main levée comme si de loin elle eût voulu la poser sur mes lèvres, elle fit encore le geste de m'imposer silence et disparut. ==== XIII ==== Pendant plusieurs jours, je pourrais dire pendant plusieurs mois, l'image offensée et si pleine d'angoisse de Madeleine me poursuivit comme un remords, et me fit cruellement expier mes fautes. [...] Et, par un de ces retours qui déshonorent en un moment les meilleurs élans, je pensai à ces statues accoudées sur un étai qui les met d'aplomb et qui tomberaient sans ce point d'appui. ==== XIV ==== C'est à cette époque que j'appris d'Augustin l'accomplissement d'un projet que cet honnête cœur nourrissait et poursuivait depuis longtemps; vous vous souvenez peut-être qui'il me l'avait donné à entendre. [...] — Adieu», me dit-il. Et nous nous séparâmes sur ce dernier mot, qui n'atteignit pas le fond de notre amitié, mais qui brisa toute confiance, sans autre éclat et sèchement comme on brise un verre. ==== XV ==== Il y avait plus d'un grand mois que je n'avais vu Madeleine cinq minutes de suite sans témoin, et plus longtemps encore que je n'avais obtenu d'elle quoi que ce fût qui ressemblât à ses aménités d'autrefois. [...] Ce congé banal, d'une sécheresse parfaite, me produisit l'effet d'un écroulement. Puis à l'abattement succéda la colère. Ce fut peut-être la colère qui me sauva. Elle me donna l'énergie de réagir et de prendre un parti extrême. Ce jour-là même, j'écrivis un ou deux billets pour dire que je quittais Paris. Je changeai d'appartement, j'allai me cacher dans un quartier perdu, je fis appel à tout ce qui me restait de raison, d'intelligence et d'amour du bien, et je recommençai une nouvelle épreuve dont j'ignorais la durée, mais qui, dans tous les cas, devait être la dernière. ==== XVI ==== Ce changement s'opéra du jour au lendemain et fut radical. [...] — Et Madeleine?... lui dis-je encore, comme s'il y avait un autre malheur qu'il me cachât.\\ — Je te répète que Madeleine est dans un triste état de santé. Au reste, cet état n'a point empiré depuis quelque temps, mais il continue.\\ — Olivier, que tu ailles à Nièvres ou non, j'y serai demain. Personne ne m'a chassé de la maison de Madeleine, je m'en suis éloigné volontairement. J'avais dit à Madeleine de m'écrire le jour où elle aurait besoin de moi; elle a des motifs pour se taire, j'en ai pour courir à elle.\\ — Tu feras absolument ce que tu voudras. En pareil cas, j'agirais comme toi, sauf à m'en repentir, si le remède était pire que le mal.\\ — Adieu.\\ — Adieu.» ==== XVII ==== Le lendemain, j'étais à Nièvres. J'y arrivai dans la soirée, un peu avant la nuit. C'était en novembre. Je me fis descendre à quelques distance de la grille, en plein bois. Je traversai la cour d'entrée sans être aperçu. [...] «André! lui dis-je une troisième fois, quand il n'eut plus qu'un ou deux pas à faire.\\ — Comment? quoi?... Ah! monsieur! monsieur Dominique! dit-il en laissant tomber son fusil.\\ — Oui, c'est moi, c'est bien moi, mon vieux André!...»\\ Je me jetai dans les bras de mon vieux domestique. Mon cœur, à la fin de ces contraintes, éclata de lui-même et se fondit librement en sanglots. ==== XVIII ==== Dominique avait achevé son récit. [...] «Ah! quelle surprise, mon bien cher ami! dit Dominique, en marchant au-devant du visiteur, les deux mains cordialement ouvertes.\\ — Bonjour, de Bray», dit celui-ci, avec l'accent net et franc d'un homme dont la vérité semblait avoir, pendant toute sa vie, rafraîchi les lèvres.\\ C'était Augustin. ---- ==== Lexique ==== Faux-fuyant: moyen détourné de se tirer d'embarras ou d'éluder une question. [Synonymes : dérobade - échappatoire - pirouette - prétexte - subterfuge]: XIV\\ Frimas: III\\ Quinteux: IV ---- Bel saggio su Fromentin di [[Franco Ferrucci]], //Fromentin e l'immobile felicità//, in: [[FERRUCCI 1980]]\\ **Il giardino simbolico : modelli letterari e autobiografia dell'opera / Franco Ferrucci.** - Roma : Bulzoni, ©1980 - 285 p. ; 21 cm. (L' analisi letteraria ; 21), pp. 149-166.